BIOMÉTRIE

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BIOMÉTRIE

BIOMÉTRIE

Introduit dans le vocabulaire scientifique vers la fin du siècle dernier, le mot «biométrie» (d’abord en anglais: biometry ou biometrics ) est parfois employé abusivement, surtout par des auteurs américains, comme synonyme de statistique, alors que cette dernière n’est, pour le biométricien, qu’un instrument de travail. Dans l’usage correct, la biométrie désigne la science des variations biologiques, des phénomènes qui s’y rattachent et des problèmes qui en découlent.

La position classique consiste à négliger la plupart des variations, voire à les confondre avec les erreurs expérimentales. Le biométricien, au contraire, constate que les variations sont une caractéristique universelle de la vie dont la méconnaissance entraîne souvent des erreurs.

Il importe de distinguer les diverses formes de variation observables chez les êtres vivants et, en particulier, dans l’espèce humaine: les intervariations , ou différences entre les individus, et les intravariations , qui traduisent l’instabilité des individus dans le temps. Plus importantes à certains égards, ces dernières peuvent atteindre, pour certains caractères physiologiques et biochimiques, une amplitude considérable.

D’autres variations intéressent le biométricien, par exemple celles qui affectent les catégories biologiques — races, sexes, classes d’âge — ou sociales, tels les groupes professionnels. Il tiendra compte enfin, s’il y a lieu, des changements «séculaires» ou «diachroniques» qui se produisent dans les générations successives.

On a cru autrefois que les variations quantitatives, comme celles de la stature ou du rythme cardiaque, dépendaient des seules influences extérieures. On sait, maintenant, que les intervariations de certains caractères relèvent partiellement de l’hérédité; leur étude intéresse la biométrie génétique. Par exemple, l’héritabilité de la taille est considérable, celle du poids nettement moins forte, celle du taux de cholestérol plus importante que celle de l’hémoglobine ou du glucose sanguin.

Il va de soi que les caractères à héritage faible sont davantage influençables par les conditions de vie. Mais ce problème reste d’autant plus difficile que tous les individus ne sont pas également modifiables et que tous les milieux n’ont pas le même pouvoir modificateur.

Les intravariations posent un problème encore plus difficile. Chez un individu, tous les caractères biologiques ou biochimiques ne varient pas au même degré. Un individu n’est donc pas globalement plus stable — ou plus fluctuant — qu’un autre. Il le sera seulement pour certains caractères. D’autre part, les fluctuations d’un caractère donné n’étant pas les mêmes chez tous, il existe une «intervariation des intravariations».

Il apparaît cependant que, pour les caractères qui ont pu être ainsi étudiés, les intravariations ne sont pas totalement anarchiques: un individu oscille autour de sa moyenne, selon une marge qui lui est particulière. Cela risque de poser parfois de difficiles problèmes pratiques. Jugé suivant les normes établies sur une population, un individu pourrait apparaître «normal», alors qu’il se trouve, en réalité, hors de sa zone personnelle de normalité.

La biométrie révèle donc la complexité extrême des situations, heurtant parfois les idées admises en physiologie. Ses résultats apparaissent notamment incompatibles avec la notion d’homéostasie, qui postule sinon pour un milieu intérieur parfaitement «fixe», tout au moins des oscillations «infinitésimales», «aussitôt corrigées» et, en pratique, «négligeables». Cette doctrine, considérée comme fondamentale, n’a pu prendre corps qu’à la suite d’un malentendu: pas une seule fois les variations physiologiques ne furent mesurées.

À les mesurer, on constate, à quelques exceptions près, que les variations augmentent quand on passe de l’anatomique au physiologique et du physiologique au biochimique. Pour donner une image, la stature humaine et la concentration des ions hydrogène du sang donnent des coefficients de variation de même ordre, parmi les plus faibles, alors que les graisses neutres et le carotène du plasma figurent parmi les caractères les plus fluctuants.

L’une des premières démarches du biométricien est l’étude des liaisons entre les phénomènes variables: entre deux caractères physiologiques, ou entre un caractère biologique et une variable «extérieure à l’organisme», par exemple un aspect quantifiable du milieu. La statistique permet de mesurer l’intensité de ces liaisons. Le plus souvent — mais ce n’est pas toujours possible — on détermine un coefficient de corrélation .

Traditionnellement, un grand nombre de corrélations étroites sont affirmées, mais une telle appréciation repose sur la présomption que «tout se tient chez l’être vivant». La vérification biométrique fait apparaître cette présomption fallacieuse. Certaines corrélations sont étroites, mais la plupart restent médiocres et les corrélations nulles ne sont pas exceptionnelles. Autrement dit, beaucoup de caractères biologiques varient indépendamment les uns des autres.

biométrie [ bjɔmetri ] n. f.
• 1833; de bio- et métrie
Science qui étudie à l'aide des mathématiques les variations biologiques à l'intérieur d'un groupe déterminé.

biométrie nom féminin Étude statistique des dimensions et de la croissance des êtres vivants.

biométrie
n. f. BIOL Partie de la biologie qui étudie le vivant par les méthodes statistiques.

⇒BIOMÉTRIE, subst. fém.
A.— Vieilli. ,,Science des lois qui régissent la durée de la vie`` (GUÉRIN 1892); (cf. aussi LITTRÉ Suppl. 1877 et Nouv. Lar. ill.).
B.— Partie de la biologie qui utilise les méthodes quantitatives pour l'étude des phénomènes biologiques. Synon. biologie mathématique (cf. biométrique B). Biométrie constitutionnelle (cf. biotypologie).
Spéc. [Dans le domaine de l'assurance-vie] Calcul de la durée probable de la vie (cf. Méd. Biol. t. 1 1970).
1re attest. 1838 (Ac. Compl. 1842); dér. de biomètre, suff. -ie. [].
DÉR. Biométriste, subst. Biologiste spécialisé en biométrie. Synon. biométricien, s.v. biométrique (cf. CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 343). 1re attest. 1935 id.; dér. du rad. de biométrie, suff. -iste.

biométrie [bjometʀi] n. f.
ÉTYM. XXe; « science des lois qui régissent la durée de la vie (des organismes) », 1833; de bio-, et métrie.
Didact. Science qui étudie à l'aide des mathématiques (statistiques, probabilités) les variations biologiques à l'intérieur d'un groupe déterminé. || Biométrie humaine. Anthropologie, ethnologie.
tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.
DÉR. Biométrique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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